Vous allez me trouver maniaque avec Arcade Fire, mais je me suis acheté aujourd'hui leur nouvel album - enfin! Un excellent album, jusqu'à présent il y a seulement rococo que je saute, je sais pas pourquoi mais moi le mot rococo ça me fâche, me semble que ça se dit mal, surtout dans une chanson... j'imagine que la chanson ne serait pas si mal sans se mot là, quoique je ne suis pas folle des sonorités baroques.
Et puis voilà, encore une fois, les chansons d'Arcade Fire ont le don de me bouleverser. C'est insidieux, je ne m'en rends pas compte, et puis voilà je suis mélancolique. Le nouvel album s'intitule The Suburbs. J'ai passé plus des trois-quart de ma vie en banlieue, j'ai toujours dit que la banlieue c'est moche, que des maisons et du béton, mais en même temps je me trouve parfois typiquement banlieusarde, au sens que je n'aime pas la frénésie de Montréal - ce qui explique que j'adore une ville comme Sherbrooke, à la fois pratique, vivante et juste assez paisible.
La banlieue ce n'est pas paisible à mes yeux. C'est les trains qui passent et qui font bouger la maison. C'est les courses de char dans la rue. C'est les voisins qui crient sur leur deck de piscine. C'est la tondeuse à l'heure du souper, la scie à chaîne, le taille-bordure, le taille-haie, le filtre à piscine, l'arrosage abusif, le lave-auto, les livraisons du dépanneur, les jeunes qui niaisent devant le tim hortons et le souvenir d'une épicerie, des paniers d'épiceries et des emballeurs qui venaient porter les paquets aux voitures. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu cela, c'est comme les laitiers et les livreurs de pain, c'est en voie d'extinction.
Je m'ennuie un peu ce soir. Je pourrais lire, mais... bah je sais pas. J'ai fini des revues qui traînaient, j'ai éliminé de vieux vêtements, j'ai fait du lavage, j'ai regardé les nouvelles, le plafond, des sites webs dont je me fous, le monde grouiller dans la fourmillière des réseaux sociaux, et j'ai trouvé que tout cela ressemblait fort au temps de ma vie où je chattais tous les soirs au lieu de faire mes travaux, dans un monde virtuel qui devient de plus en plus la réalité. Je me trouvais accroc à l'ordinateur, mais maintenant ça veut dire quoi? Je n'ai pas de téléphone avec Internet, est-ce que je dois me considérer comme ariérée? Non, je ne crois pas. Je magasinais cet après-midi, et je me suis dit à un moment donné qu'on essayait vraiment dans la vie de nous vendre une foule de trucs dont on n'a pas nécessairement besoin - on nous fait accroire qu'on en a besoin. Et le pire, c'est que j'étudie dans ce monde qui fabrique le besoin et le consentement des consommateurs. Ça c'est pas moi qui l'a dit, c'est Edward Bernays, fondateur des relations publiques et auteur de nombreux livres dont Propaganda. Le nom dit tout: relations publiques, c'est juste un beau mot pour parler de propagande. Mais je n'en parlerai pas davantage, lisez par vous-mêmes, c'est un essai qui en vaut la peine - ou bien lisez Noam Chomsky pour une critique de ce beau système...
Tant qu'à être dans les mots, je vous laisse avec un extrait d'un truc que je commence à travailler, je ne trouve pas que c'est mon genre, mais bon:
Je cherche ton visage parmi les rayons
comme un vent
un Mistral glissant sur ma joue
dans un fracas à fendre le coeur
mais c'est bien Baudelaire (beau de l'air)quand je ne respire pas
perdue dans tes champs de virgules et tes Prévertigineux
des préfaces qui frappent à la gueule
et qui n'ont Ducharme que les yeux fermés
les aveugles entrelacés
aux personnages Camuse la foule affairée
Ma muse à moi vit entre les lignes que je n'ai pas écrites